Une danseuse italienne préparant la fuite à Varennes? (3)

Publié le par pimprenelle

Pour Madame de Sullivan, arrivée sans encombre. Mais pour les malheureux souverains, nous connaissons la suite de cette épopée qui a tourné au désastre. 

Le 22 juin, Fersen arrive à 6 heures du soir à Mons, où il trouve Eleonore, Provence et Madame de Balbi. Le 23, Fersen rencontre Bouillé à Arlon, qui lui annonce l'arrestation de la famille royale. Le 24, désespéré, le Suédois dîne avec Madame Sullivan à Bruxelles. Il reste avec elle à l'hôtel Bellevue jusqu'au 28, s'affichant, selon Emile Dard, le biographe de Quintin. 

 

On s'organise après cette arrestation catastrophique: Craufurd a été présenté au roi de Suède et lui a fait grande impression. Gustav III le charge d'obtenir en son nom un emprunt de Pitt et de lui transmettre un projet de descente russo-suédoise sur la Normandie. Fersen s'en va vers Vienne avec une mission semblable.

Une danseuse italienne préparant la fuite à Varennes? (3)
Gustav III
 
Pitt répond à Craufurd sans ambigüité. Et c'est pour affirmer la neutralité, c'est à dire l'abstention complète de l'Angleterre. A Vienne, Fersen se heurte à la même indifférence. Le 8 octobre 1791, les Craufurd et Fersen se retrouvent à l'hôtel Bellevue, à Bruxelles. Quintin loue une maison qui devient leur quartier général. C'est là que Fersen chiffrera ses lettres à Marie Antoinette et déchiffrera celles qu'il reçoit d'elle. Il correspondra aussi avec Simolin, Breteuil, Mercy Argenteau, toujours dans le même but : sauver la monarchie française.
 
Marie Antoinette manifeste sa reconnaissance. Le 19 octobre 1791, elle écrit à Fersen :

Je ne puis vous dire combien je suis touchée de ce qu'a fait ce bon M. Craufurd pour nous, le roi aussi. Je vous écrirai dans quelques jours ce qu'il faudra lui dire de notre part. Nous serons bien heureux de pouvoir faire quelque chose pour lui. Il y a si peu de gens qui nous témoignent un vrai attachement! On sait ici qu'il a été mêlé dans nos affaires, et j'ai eu bien peur pour sa maison. 

A juste titre! Le jour du retour de Varennes à Paris, le 25 juin, la foule massée sur le pavé avait voulu s'en prendre à la maison de la rue de Clichy, qui avait échappé de justesse au pillage.

Le 31 octobre, la reine dit encore :

J'ai été si pressée, la dernière fois que je vous ai écrit, que je n'ai pu vous parler de M. Craufurd. Dites-lui bien que nous savons la manière parfaite dont il est pour nous, que je me suis toujours plu à croire à son attachement, mais que, dans l'affreuse position où nous sommes, chaque nouvelle preuve d'intérêt est un titre de plus bien doux à notre reconnaissance. 

En dépit du danger, le couple Craufurd revient à Paris à la fin décembre 1791. Le lendemain de son arrivée, Quintin est reçu par la reine. Il le sera encore, soit chez elle, soit au pavillon de Flore, chez la princesse de Lamballe.
 
 

 
Un jour, la reine lui montre une lettre affectueuse de son neveu, l'empereur François II, lui disant :

Mon neveu ne pouvait pas m'écrire autrement. Mais je ne l'ai jamais vu : à peine même ai-je connu son père. Mon frère Joseph, voilà celui qui était véritablement mon ami. Il m'aimait tendrement. Sa mort
est un grand malheur pour son pays et pour moi. 

Elle évoque alors les douces années de son enfance à Vienne, avec une émotion qui gagne l'Ecossais.
 

Publié dans entourage

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