Alexandre Kucharski, le peintre Coëstier de Marie Antoinette

Publié le par pimprenelle

Lors de son interminable procès, on demanda à Marie Antoinette si elle avait été peinte pendant sa détention au temple. Elle répondit avec une grande précision qu'elle l'avait été, en effet, en pastel. 

J'adore cette présence d'esprit... en ce moment si critique, la reine pense à rétablir la vérité. D'aucuns estimeront qu'il s'agit de futilité... Je ne crois pas. A mon sens, Marie Antoinette avait un esprit qui allait ainsi avec pragmatisme à l'essentiel, et une grande clarté de vue...

Bon, je ferme cette parenthèse et je reviens au fil que je viens d'ouvrir sur le dernier peintre de la reine.   

L'accusation se précipite alors dans le vif du sujet et demande à Marie Antoinette si elle ne s'est pas enfermée avec lui et si elle ne s'est pas servie de ce prétexte pour recevoir des nouvelles de ce qui se passait dans les assemblées législatives et conventionnelles. 

Non, réplique alors laconiquement l'intéressée.

 

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photo extraite du film "L'Autrichienne" et retravaillée

 

Ah çà! Il ne faut pas compter sur elle pour balancer! On se souviendra du soin qu'elle avait mis à protéger le plus longtemps possible les membres de la Conspiration de l'Oeillet qui avaient tenté de la faire évader.

Le tribunal s'enquiert alors de l'identité de l'artiste. Et Marie Antoinette répond un nom qui a été retranscrit en Coëstier, peintre polonais, ajoute-t-elle, établi depuis plus de vingt ans à Paris. 

 

Ne cherchez pas de Coëstier dans l'entourage de la reine. Il s'agit en fait du peintre Alexandre Kucharski, à qui Marie Antoinette avait fait appel après le départ en émigration de Madame Vigée Lebrun. 

 

Commençons par les présentations: Alexandre (ou Alexander) Kucharski (ou Kucharsky, Kusharsky, Kuscharsky, voire Kouaski) est né le 18 mars 1741 en Pologne, comme le dit Marie Antoinette, à Varsovie. 

 

Page à la Cour du dernier roi de Pologne, Stanislas II, il est remarqué pour ses talents en dessin et envoyé suivre des cours à Paris. Il se retrouve dans le même atelier que David, mais se montre réfractaire au grand style pour lui préférer l'art du portrait.

 

Cette tendance rebelle lui vaut l'arrêt de la pension que lui versait son roi mais aussi l'intérêt des grands, dont il devient rapidement un favori. Au moment où éclate la révolution, Alexandre Kucharski est le peintre du prince de Condé et il a déjà réalisé le portrait de nombre de personnages influents, comme Catherine II de Russie, le comte d'Artois, Madame Elisabeth, Mademoiselle de Condé, la princesse de Lamballe... 

 

Est-ce sur la recommandation de cette dernière qu'il a été introduit auprès de la reine?

 

Toujours est-il que l'artiste a peint en 1787 ce portrait de Marie Antoinette en vêtements d'apparat qui fait pendant à celui de Louis XVI:

 

Alexandre Kucharski, le peintre Coëstier de Marie Antoinette

http://maria-antonia.justgoo.com/t1333-marie-antoinette-au-diademe-de-1788

Selon le spécialiste Olivier Blanc (voir pp 168-175 de son livre Portraits de femmes), le souci de ressemblance est louable.

C'est en effet une des grandes qualités qui faisaient le succès de Kucharski, avec la brillance de ses coloris et la dignité qu'il savait donner à ses modèles.

L'artiste, ajoute Olivier Blanc, semblait avoir déjà fixé le meilleur angle de visage de son modèle; et il en fit une sorte de matrice d'où découleront, jusqu'en 1793, des variations subtiles de ce même visage de trois quarts, dans des versions à l'huile ou au pastel, avec des modifications au niveau du costume et de la coiffure, mais caractéristique par la similitude quasi géométrique des traits et de la pose identique.

Nous n'allons pas tarder à vérifier la pertinence de cette remarque... 

 

 

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